CELA EST ARRIVE IL Y A BIEN LONGTEMPS......


D’un oeil de renard,
je t’enveloppe de regards
C’est ainsi que je m’excuse
Pour chaque possible
Pour chaque impossible
Pour chaque vie antérieure
Pour la vie à venir
Pour les joies, les maux, les morts et les vivants
Pour les brigands, les anges et les voleurs de pommes
Pour ceux qui te dévorent par la solitude de leur corps
et te boivent avec la soif du désert dans les yeux
Pour moi-même chaque fois que te dévore un plus grand nombre
Pour toutes les générations
Pour ceux qui en mon nom t’aiment
Pour ceux qui en leur nom t’aiment
Pour ceux qui laissent pour toi des larmes
et des sentiments de vengeance sur les portes
Pour ceux qui t’envient et ne t’envient pas
Pour ceux qui détestent partager le spectacle que tu offres
Pour ceux qui t’aimeront chaque fois que tu seras partie
Pour ceux qui souffrent chaque fois que tu reviens
Pour le vertige qui défait mon habilité à décrire
Pour la cohérence qui me séduit
dans la fascination du lointain et l’orgueil du départ
Pour ce mot moins éloquent que mon amour
Pour ce regard moins perçant que l’eau sur la pierre
Pour chaque fois que tu te dresses devant tes miroirs
et qu’ils t’effacent avec une gourmandise rieuse
Pour chaque fois que tu deviens une autre femme
Pour chaque fois que tu le deviens pour mes frères,
mes ennemis et moi


Pour l’enfant qui naît sept fois à ta manière
et dont la mort sept fois m’accompagne
Pour les sept femmes qui demeurent en toi
Pour tes sept prisons que tu prétends lieux d’évasion
Pour le dimanche où, dans sa création,
Dieu ne connaît pas de repos
Pour ton nombre lié aux jours de la semaine et non à toi-même
Pour les hommes que tu aimes
Pour les hommes que tu n’aimes pas
Pour chacun des autres hommes que tu aimes et détestes
Pour chaque regard qui veut rouler sur toi
Pour chaque main qui n’a pu toucher ta silhouette
Pour ma déception lorsque je rentre
et ne vois pas ton rire sur mon coeur
Pour ma jalousie chaque fois que je vois ton rire
tel un banquet dans les regards des autres
Pour chaque désir que je ne mérite pas
Pour chaque désir que tu mérites et que tu ne mérites pas
Pour chaque mutisme dont tu ignorais la pensée à toi adressée
Pour les bavardages superflus
Pour toute la tristesse de ma main et pour chaque peur
et chaque embarras qui font fi de ma douceur
Pour chaque départ et chaque retour vers toi
Pour chaque sagesse que je donne
Pour chaque folie qui me condamne
Pour ma prétention et ma modestie
Pour mon intuition dès que tu viens épuiser
le reste de ma résistance
Pour mes ruses chaque fois que je t’invite à dîner
Pour mon bonheur chaque fois que j’ai préféré ma perte
Pour mon ignorance et ma compétence anticipée
Pour chaque tempête qui n’a pas émoussé les épines de mes branches
Pour chaque tempête qui a rompu mes branches et me rompt
Pour chaque abîme qui m’a jeté vers toi
Pour chaque abîme qui m’a jeté vers toi où je n’ai pas sombré
Pour ma frayeur qu’un autre homme demeure en toi,
Pour ma frayeur que d’autres hommes dont je ne suis
Ni le voleur ni le fidèle
et dont mon effacement inachevé
Me préserve d’être avec toi le soldat et l’ennemi
Alors, que crier ? À qui recourir ?


( A. K. El Janabi et Charles Illouz )




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